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Confinement oblige, les athlètes doivent trouver un moyen de continuer à s'entraîner, mais aussi maintenir la motivation pour espérer atteindre ses objectifs.

Notre Ambassadeur, Seb Bouin, a répondu à quelques questions à ce sujet..et nous en avons profité pour lui demander de revenir sur son année, exceptionnelle, 2019 et ses projets 2020. Bonne lecture..





D’une manière générale, et bien au-delà de l’escalade, comment vis-tu cette situation de confinement? 

Ce confinement est assez dur, comme pour tout le monde je pense, car je suis habitué à faire une activité sportive tous les jours (la majeure partie du temps en extérieur). D'un point de vue personnel cela bouleverse tout mon équilibre. Il est cependant primordial de faire cet effort pour stopper la pandémie du COVID-19 qui fait des ravages sanitaires. J'ai une pensée pour tous les personnes malades et tous les aides soignants en ce moment. 


L’interdiction de grimper en falaise t’empêche de facto d’exercer ton métier, quels leviers psychologiques mets-tu en place pour maintenir ta motivation? 

Tout d'abord je me suis aménagé quelques agrès (poutre, TRX,..) chez moi pour pouvoir faire de petits entraînements. On dira que cela limite la casse. Ensuite j'ai énormément de boulot en retard sur l'ordinateur (organisation de projets, vidéos, relations partenariales, comptabilité, ITW etc...). Cela me permet donc de me mettre à jour.

Je planifie et réorganise le reste de la saison. Je définie de nouveaux objectifs, et met en place toute l'organisation nécessaire pour les atteindre.

Et puis je pense à mes projets en cours, j'écris les méthodes, je révise les voies et les mouvements.

Et sans rire je n'ai pas encore eu le temps de m'ennuyer!


Et comment t’entraînes-tu ? 

J'ai la chance d'habiter à la campagne. Je peux donc aller courir en extérieur de temps en temps, mais jamais très loin ni trop longtemps.

Ensuite je fais de la poutre, des exercices de musculation / training, du gainage, des étirements. J'essaie de progresser sur le self-contrôl, j'agis souvent avec passion et envie ; là il faut apprendre à se maîtriser.


Ça gaine fort !


Pour atteindre tes objectifs escalade, tu planifies, tu mets en place des routines avec rigueur et professionnalisme, comment t’es-tu adapté à la situation actuelle ? 

J'essaie de continuer les cycles d'entraînement que j'avais entrepris. C'est compliqué mais je pense que ça marche. 

Actuellement je suis sur une dominante d'endurance de force. Cela se combine assez bien avec les moyens du bord.

C'est assez dur de s'entraîner sachant que les objectifs ont disparus. C'est pour cela qu'il est important de se réorganiser et en trouver de nouveaux pour la suite.


Que conseilles-tu aux personnes confinées pour maintenir le niveau et la motivation ? 

Je pense qu'il est important de ne pas dramatiser et relativiser sur la situation. Si on est chez nous, cela signifie que nous ne sommes pas à l'hôpital. Et si nous ne sommes pas à l'hôpital cela signifie que nous sommes en bonne santé. En partant de là il est possible d'améliorer encore beaucoup de choses (nourriture, étirement, sommeil, rythme de vie, organisation, condition physique, ...). Je pense que l'on peut ressortir plus fort de cette phase.

Entraînement à Altissimo Grabels



Quels exercices simples peut-on faire ? de quelle façon et à quel rythme ? 

Tout dépend du rythme que l'on avait avant. J'essaie de faire des exercices tous les jours. Je mixe entre gainage, session d'endurance de force sur la poutre, circuit training en musculation, course à pied. Le bon rythme est celui qui nous convient et celui que l'on a envie d'accentuer à un moment. Y aller trop fort et sans motivation interne me parait douteux sur la durée (1 mois de confinement quand même!). Il faut trouver les exercices et la répartition qui nous parle.

Il y a plein d'endroits où trouver des exemples d'exercices (instagram, facebook, YouTube, sites dédiés à l'escalade,..)


Quels aspects « positifs » (si tant est qu’il y en ait) peut-il y avoir à être confiné ? 

Apprendre le self-contrôl. J'agis toujours un peu dans l'excès, et dans la sur-motivation. Je dois donc apprendre à me maitriser pour trouver un bon équilibre de vie et me contenter d'objectifs simples pour le moment. 


Fin de la première partie


Ce temps de confinement est aussi l’occasion de se poser ; posons nous un instant si tu veux bien et portons notre regard sur l’année 2019, un cru exceptionnel pour toi ! 

Tout d’abord en terme de croix et réalisations. Tu es entré dans le club très (très) fermé des grimpeurs qui enchaînent 9b/+, cela a t’il changé quelque chose pour toi? Peux-tu nous faire une rétrospective de tes réalisations 2019 ? 

Oui 2019 a été une année chargée en réussite. Beaucoup de gros objectifs se sont concrétisés les uns à la suite des autres. 

Mais cela ne signifie pas que la réussite est arrivée d'un coup. C'est un travail de longue haleine qui s'est effectué en amont.

En effet je travaillais Move et la Rage d'Adam (les deux 9b/+ que j'ai réalisés) depuis plusieurs années. Il y a eu certains déclics en 2019 qui m'ont permis de concrétiser. Notamment sur le rythme de vie et l'organisation de mon entraînement / programmation. J'ai davantage écouté mon corps afin de me sentir en bonne santé au moment des voyages.


Quelle a été ta réalisation de l’année la plus marquante ? 

Je pense que Move est ma réalisation la plus marquante. La difficulté, combinée au voyage, m'a fait livrer une bataille plus psychologique que physique. C'est dur de gérer un objectif comme celui là si loin de chez soi. D'autant plus que j'allais tout seul sur place et que je trouvais des gens pour grimper là bas.


Seb dans Move - Flatanger - Norvège 


… Non content d’aller te frotter aux voies les plus dures du monde, tu as entamé, avec ton partenaire EB, un projet au long court - le Vintage Rock Tour – dont le but est de retracer l’histoire de voies d’escalade françaises historiques et d’en rencontrer, dans la mesure du possible, les ouvreurs, c’est bien cela ? 

Concrètement, en quoi cela consiste ? 

L'objectif premier de ce Vintage Rock Tour est de présenter et répéter les voies historiques de France de 7a à 9a et l’évolution qu’il y a eu entre le premier 7 et le premier 9. Sont inclus dans ces voies "historiques" les premières cotations françaises (premier 8a, 8b,...) ainsi que les voies ayant marquées notre histoire (les voies plus "mythiques").

Pour cela je vais donc passer par les différents sites historiques de France : Buoux, Le Verdon, Le Cimaï, Mouries, Les Eaux Claires, Claret, Les Ceuse, et d'autres…

Je voudrais apporter une réflexion sur ces voies qui ont fait notre histoire, et qui ont façonné l'escalade de nos jours.

Comment sommes nous arrivés à l'escalade actuelle?

Quelles ont été les évolutions entre le premier 7a et le premier 9a? (Les styles de voies, la difficulté, les lieux, l'équipement des voies, …)

A quoi sont dût ces évolutions?  Pourquoi ?  (contexte matériel, contexte entre les grimpeurs, développement, facilités et difficultés physiques - techniques - psycho, entrainement,…)

Que se rapproche et que s'éloigne de l'escalade actuelle? La difficulté de ces voies historiques est-elle comparable à celle des voies actuelles?

La vision de la difficulté était-elle la même? Est ce que les cotations des voies historiques sont en accord avec les cotations actuelles? 

Le but serait aussi de rencontrer et d'interviewer les grimpeurs qui ont réalisé ces voies afin de connaitre leurs visions de l'époque. Ces "légendes" font partie intégrante du projet.

L'objectif est de faire différents épisodes vidéo relatant mon périple culturel et sportif.

Chaque lieu historique, chaque falaise/spot historique fera l'objet d'un épisode. (épisode 1 ici)


 La Rage de Vivre - falaise de Buoux - Premier 8b+ français


Enfin, ce cru est exceptionnel de part la couverture médiatique que tu as eu…Tu as été sollicité par nombre de médias, répondu à des interviews…comment as tu géré cela avec tes objectifs professionnels ? 

J'essaie d'organiser cela en fonction du temps libre que j'ai. Je passe pas mal de temps à bosser sur l'ordinateur lorsque je ne fais pas d'escalade (journée de repos, soirée,...). Je pense que la répartition du temps est la suivante : 60% escalade et 40% autres (organisation de projets, vidéos, relations partenariales, comptabilité, médiatisation, communication, ITW, ...). Il faut savoir que le fait de bien travailler d'un point de vue de la gestion de carrière sportive me permettra de me dégager plus de temps par la suite afin de plus grimper et donc de faire de meilleures performances dans de meilleures conditions.


échantillon du cru "parutions & médias" 2019 pour notre Ambassadeur 


Cette année 2019 a été riche et fructueuse, nous te souhaitons le meilleur pour l’année à venir…Quels sont tes objectifs (perturbés pour le moment) pour cette année 2020 ? 

Actuellement je devrais être en train de tordre le coup à Stoking the fire, 9b espagnol bien tassé. Je voulais essayer aussi sa directe en 9b+/c.

En Mai je devais aller aux USA pour réaliser Jumbo Love, premier 9b du monde. Et là aussi j'aurais voulu essayer sa directe en probable 9b+.

J'espère pouvoir reprendre le programme prévu en Juin. Il faut que je finisse mon Vintage Rock Tour. Il manque le Saussois, les Eaux Claires, et peut être Céüse. 

Puis j'ai un gros projet dans les Gorges du Verdon. Je pense y grimper cet été et cet automne.

A voir comment je vais réorganiser la fin de l'automne et le printemps. Il serait peut-être plus judicieux de recentrer les projets en Europe centrale.

A voir comment la situation évolue. 


Un petit mot pour les lecteurs : 

Continuer à rêver, la vie est longue et les rêves nous maintiennent vivants !


Merci à mes sponsors qui me soutiennent : Altissimo, Black Diamond, EB, Nature Climbing, Communauté du Pic Saint Loup


#Restezchezvous